Voyage Evasion Découverte
By Steph
CARNET DE VOYAGE
DESTINATIONS DE VOYAGES
CONSEILS PRATIQUES
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Le pays des Saami et du père Noël...
Région vaste transnationale située dans le Nord de la Scandinavie, à cheval sur la Finlande, la Suède, la Norvège et la Russie, la Laponie est un territoire mythique. Elle est connue pour ses immenses étendues sauvages presque inhabitées, pour ses phénomènes naturels spectaculaires — le soleil de minuit en été, les nuits polaires en hiver — ainsi que pour les fameuses aurores boréales qui illuminent le ciel arctique.
C'est aussi la terre ancestrale du peuple indigène Saami. Longtemps appelés “Lapons”, un terme étranger et à l'origine péjoratif dérivé du suédois lapp — signifiant « porteur de haillons » — les Saami préservent aujourd'hui encore leur culture, leurs traditions et leur mode de vie tourné vers la nature.
Un voyage en Laponie en hiver est une aventure à part entière, un dépaysement total. La saison y est magique et mystérieuse, marquée par une profonde tranquillité et une intensité presque surnaturelle.
Située au nord de l'Europe, au niveau du cercle polaire arctique, la région connaît des conditions hivernales extrêmes : des températures pouvant descendre entre –20°C et –40°C et des journées très courtes. Le soleil se lève timidement vers 9h, frôle l'horizon sans vraiment monter dans le ciel, puis disparaît déjà autour de 13h30. À partir de 14h, la nuit noire enveloppe à nouveau le paysage…
Cette contrée en fait rêver plus d'un… moi le premier ! Depuis longtemps, je rêvais de passer quelques jours d'hiver dans cette nature sauvage, au cœur d'une aventure au dépaysement total.
Le programme : parcourir des sentiers enfouis sous la neige dans les forêts de bouleaux et de pins, sentir le froid me figer le visage et me pénétrer jusqu'aux os, écouter le silence, seulement troublé par le craquement de mes pas dans la neige fraîche… et admirer ces immensités blanches, immobiles, empreintes de quiétude et de sérénité.
Tout un programme !
En 2018, j'ai contacté une agence afin qu'elle me prépare un séjour d'une semaine au mois de janvier. Avant de partir, je me suis bien renseigné sur l'équipement nécessaire pour affronter ces températures extrêmes. En Laponie, l'hiver peut être brutal, avec des températures qui descendent facilement à –40 °C lors des journées les plus froides.
Heureusement, dans ce type de voyage, on vous prête généralement des vêtements adaptés : combinaison intégrale ou pantalon grand froid, moufles, bonnet, parfois même chaussures ou sur-chaussures. Il faut malgré tout prévoir un minimum d'équipement personnel pour se protéger efficacement.
Lien : Voici quelques conseils pour savoir comment s'habiller en hiver en Laponie
Nous sommes arrivés en avion dans la petite ville de Kittilä, au nord-ouest de la Finlande. Notre chauffeur nous attendait et, une fois les bagages chargés dans le coffre, nous avons pris la route vers notre camp de base, situé à environ une heure de voiture, tout près de la frontière suédoise.
Nous voilà enfin arrivés dans notre petit chalet, en plein cœur de la taïga, mais cette fois du côté suédois, sur la petite île de Pitkäsaari, au milieu de la rivière Muonio, à plus de 200 km au-dessus du cercle polaire.
Notre séjour se déroulait à la petite Auberge de Rajamaa, tenue par Lars et Kaisu Malmström et leur famille.
L'auberge se trouve juste à côté du minuscule village de Muonionalusta, qui ne compte… que sept habitants. 😄Rajamaa signifie d'ailleurs “terre frontalière“ en finlandais, un nom parfaitement adapté à ce lieu hors du monde.
À notre arrivée, Lars, grand gaillard à l'allure de bûcheron, nous accueille avec un immense sourire et nous donne le ton du séjour :
« Plus de stress… Ici, on regarde et on écoute le silence de la nature endormie. »
Et il ne plaisantait pas. Ici, il n'y a pas une âme à la ronde. La Laponie affiche moins de trois habitants au kilomètre carré : un territoire presque vide, mais rempli d'une paix profonde.
Le lendemain matin, nous avons été réveillés par un lever de soleil absolument splendide. En quelques minutes, la neige s'est teintée d'un rose doux et chaud, donnant au paysage une allure presque irréelle.
En Laponie, l'hiver, lorsque le soleil reste caché derrière les nuages, le décor semble figé sous une épaisse couche de neige, comme une scène en noir et blanc. Mais dès qu'il parvient à percer, tout change : la nature se met à scintiller et les couleurs surgissent, passant du rose au jaune, puis au bleu et à l'orange. Un véritable enchantement.
Après un petit déjeuner copieux, nous sommes partis en raquettes explorer la taïga lapone, à la découverte de cette région aussi sauvage que fascinante. L'objectif de cette balade était de suivre les traces laissées par les animaux et les oiseaux, et de comprendre comment la faune et la flore parviennent à survivre à un climat aussi rude.
La taïga lapone
Pour explorer ces étendues immaculées, rien ne vaut les raquettes. Dès que l'on quitte la piste principale pour s'enfoncer profondément dans la forêt, on a d'abord l'impression de disparaître dans la poudreuse. Puis, au bout de quelques minutes, la sensation devient agréable et l'on se surprend à apprécier cette nouvelle façon de marcher.
Grâce à notre guide, nous apprenons à reconnaître les petits indices laissés par les habitants de la forêt : des traces d'oiseaux fraîchement dessinées dans la neige, l'empreinte caractéristique d'un lynx, et même, sur certains troncs, les marques profondes laissées par un ours avant d'entrer en hibernation.
Ce qui frappe le plus, c'est ce silence épais, presque palpable, où le temps semble se diluer et la nature reprendre tous ses droits. La déconnexion est totale.
Vers 12h30, nous sommes rentrés tranquillement au camp. Après le dîner, nous sommes ressortis pour tenter d'apercevoir des aurores boréales. Malheureusement, le ciel était complètement couvert et nous n'avons rien distingué à l'horizon.
Nous aurons peut-être plus de chance demain soir… 😩
L'île de Pitkäsaari — la “Longue île”
Ce matin, nous partons explorer l'île de Pitkäsaari. Les contrastes créés par la nature sont saisissants : la neige immaculée, l'eau sombre, les rochers nus et la glace composent un tableau presque irréel.
Les rapides d'Aijäkoski sont si puissants que leur eau demeure libre malgré le froid, alors que le reste de la rivière, plus calme et paisible, est totalement figé depuis longtemps. Avec un peu de chance, nous apercevrons peut-être quelques loutres sur les rives.
Vers midi, nous faisons une pause déjeuner au bord de la rivière Muonio, autour d'un feu de bois. Je crois n'avoir jamais mangé aussi vite : j'ai dû retirer mes moufles pour tenir mon sandwich, et mes doigts m'ont immédiatement rappelé qu'il faisait près de –20°C… 🥶
Le fameux jus de baies rouges chaud aux épices
Après le repas, on nous sert le célèbre jus de baies rouges chaud aux épices, une boisson traditionnelle et l'un des meilleurs remèdes contre le froid polaire.
Ne pas confondre avec le Glögi, le vin chaud local servi avec des amandes et des raisins : le jus de baies, lui, est sans alcool.
Les baies utilisées sont des fruits locaux : notamment les fabuleuses mûres arctiques et les baies d'argousier, d'un rouge clair éclatant.
La reine des baies, la mûre arctique, pousse uniquement dans les régions nordiques,
au-delà du cercle polaire, et plus particulièrement en Laponie finlandaise.
Mûrie par le soleil de minuit, elle est rare et très recherchée : juteuse, parfumée, délicieuse… même si elle est aussi pleine de gros pépins et de saveurs difficiles
à décrire !
Après cette belle randonnée sur l'île de Pitkäsaari, la lumière commence déjà à décliner. Il n'est pourtant que 13h, mais c'est l'heure de rentrer au chalet avant que la nuit noire ne s'installe complètement.
Après le dîner, nous tentons une nouvelle fois notre chance pour observer une aurore boréale… mais le ciel est encore trop couvert. Ce sera peut-être pour demain ! 😩
Le lendemain, nous mettons le cap sur la célèbre station de ski de Levi.
La station de ski de Levi
La station de ski de Levi se trouve dans la commune de Kittilä, sur l'une des très rares montagnes de Finlande : le mont Levi, appelé Levitunturi en finnois. C'est la plus grande station de sports d'hiver du pays, un véritable centre de ski répondant aux standards internationaux de la Fédération Internationale de Ski.
Par temps dégagé, elle offre une vue splendide sur toute la vallée environnante.
Ce jour-là, le vent soufflait fort et la température avait chuté jusqu’à –30 °C. Le ciel était couvert, baignant le paysage d'une lumière douce et bleutée qui donnait à la montagne un aspect presque irréel.
Les arbres, courbés sous le poids de la neige, prenaient des allures de silhouettes étranges, comme des créatures figées venues d'un autre monde.
Les remontées mécaniques, recouvertes d'une épaisse couche de glace, étaient totalement immobiles. Le froid était si intense que je ne sentais plus la peau de mon visage, comme si elle avait été anesthésiée.
Le temps de faire quelques photos de ce monde fantomatique, et nous nous sommes rapidement réfugiés au restaurant Tuikku, où nous avons savouré une soupe brûlante qui nous a fait le plus grand bien.
Même l'extérieur du bâtiment semblait irréel : les vitres étaient entièrement givrées, la façade glacée, et seules quelques lueurs laissaient deviner que le restaurant était bien ouvert. Une scène digne d'un film post-apocalyptique… Le jour d'après, version Laponie.
Une fois réchauffés, notre chauffeur nous a conduits vers un lieu étonnant : un hôtel de glace, près de Kittilä.
Icehotel — Hôtel de glace
Cet hôtel appartient au groupe Lapland Hotels et se trouve au Snow Village. Le Snow Village couvre près de
20 000 m².
Chaque année, ce sont 1,5 million de kilos de neige et 300 000 kilos de glace cristalline naturelle qui sont utilisés pour construire ce village éphémère.
L'hôtel de neige est entièrement façonné en glace et en neige. Sa décoration, son architecture et son thème changent chaque hiver, offrant à chaque visite une expérience totalement nouvelle.
Lorsque nous l'avons visité, le thème était “Game of Thrones”. Tout y rendait hommage à la série : personnages sculptés, créatures de glace, décors glacés… un véritable travail d'artiste.
Pour les amateurs de “fresh sensations”, il est possible de passer une nuit dans cet hôtel givré, de déguster un dîner dans le restaurant de neige ou encore de siroter un cocktail “on the rocks” au bar entièrement sculpté dans la glace.
Àl'intérieur, la température reste constante, autour de 0 à –5 °C, quel que soit le froid extérieur.
Après cette immersion dans le monde glacé des icehotels, nous sommes rentrés retrouver la chaleur confortable de notre petit chalet.
Le soir, une fois de plus, aucune aurore boréale à l’horizon… 😩
Jour d'initiations
Le lendemain, une journée très attendue nous attendait : deux activités incontournables en Laponie.
Au programme :
Nous arrivons au camp d'élevage de chiens de traîneau. Dès que les chiens nous voient, ils se mettent à sauter et à aboyer : ils savent qu'ils vont enfin partir courir dans la neige !
Leur excitation est contagieuse, et nous trépignons déjà d'impatience…
Balade en chiens de traîneau Activité coup de cœur
Avant de s'élancer dans la forêt avec notre attelage, le musher nous a parlé de ses chiens et de leur incroyable adaptation au climat arctique.
Il nous expliqua qu'un chien de traîneau, comme d'autres animaux polaires, ne maintient pas ses pattes à 37 °C : cela ferait fondre la neige, mouillerait son pelage et augmenterait les risques de gelures. Au contraire, leur température cutanée descend naturellement autour de 0 °C au niveau des pattes et du museau, grâce à un système vasomoteur ultra précis.
Les chiens étaient principalement des huskies de Sibérie et d'Alaska : des races robustes, infatigables, taillées pour le froid et les longues distances. Ils aboyaient à tue-tête, surexcités à l’idée de partir. c'est leur manière de dire qu'ils veulent absolument faire partie de l'équipe !
Comment conduire un traîneau ?
Un traîneau accueille deux personnes : l’une pilote, l’autre est passager. On peut bien sûr échanger les rôles à
mi-parcours.
photos… conduire un traîneau est vraiment sportif ! Et surtout, on ne lâche JAMAIS le traîneau, même en
cas de renversement.
1. Main levée vers le haut : Arrêt immédiat — on appuie de tout son poids sur le frein avec les deux pieds.
2. Main levée puis abaissée : En route — on relâche progressivement le frein.
3. Bras agité de haut en bas sur le côté : Ralentir — on freine avec un seul pied.
Il faut impérativement maintenir une distance de 5 à 10 mètres entre son premier chien “leader” et le traîneau qui précède.
Le passager, lui, doit garder mains et pieds à l’intérieur du traîneau pendant toute la balade.
J'ai dû apprendre tout ce protocole 10 minutes avant le départ... Quel stress ! 😄
Changer de pilote : une petite chorégraphie
Pour changer de pilote, il faut être coordonnés :
Le pilote se place debout avec les deux pieds sur le frein, le passager se lève et vient l'y rejoindre, puis ils échangent délicatement leur place. Le nouveau pilote reste sur le frein jusqu'au signal « En route ».
Écrit comme ça, cela paraît simple… mais sur le terrain, imaginez-moi avec un pied sur le frein, l'autre sur le patin, une main agrippée à la barre et l'autre en l'air pour faire les signes. Un vrai numéro d'équilibriste ! 😳
Une expérience intense et inoubliable
Je m'étais arrangé pour rester juste derrière le guide, qui elle, ouvrait la marche en motoneige. La randonnée a duré environ une heure avec une pause au milieu. Le décor était splendide : une forêt de pins enneigés, une grande clairière immaculée, puis l’immensité d’un lac gelé.
Même sous un ciel couvert, tout semblait magique.J'étais si concentré que je n'ai pas senti le froid. Mon amie, elle, installée en passagère sous une peau de bête, a été congelé… 🥶
À l'arrivée, j'étais épuisé mais heureux : un moment sauvage, sportif, authentique, qui restera gravé longtemps.
Après cette aventure incroyable, nous avons repris la direction de Levi pour tester une autre activité incontournable de Laponie : la randonnée en motoneige.
Faire de la motoneige Activité coup de cœur
La motoneige est un véritable mode de vie en Laponie. En hiver, elle remplace la voiture : chaque foyer, ou presque, en possède une. C'était une activité que nous avions absolument envie de tester au cœur de ces paysages immaculés.
Nous avions simplement oublié un détail lors de la réservation de cette activité, bien installé au chaud, chez nous en France… En janvier, la nuit tombe dès 14h ! Résultat : nous nous sommes retrouvés à filer dans une obscurité totale, éclairés uniquement par le phare de la motoneige.
Et, comme si cela ne suffisait pas, j'avais oublié ma cagoule de ski. Grosse erreur. À –20 °C, mon visage s'est instantanément transformé en glaçon. Le nez gelé, les joues coupées par le vent… mais malgré tout, l'expérience était magique. J'ai eu froid comme jamais, mais j'ai adoré l'expérience.
Au moment de réserver, j'avais naïvement pensé : « Je suis motard, ça va être facile ! ».
Eh bien… absolument pas. Une motoneige n'a rien d'une moto. C'est massif, lourd, et les seuls points communs sont le guidon et la selle. On m'avait pourtant dit qu'une expérience en deux-roues pouvait aider… Aujourd’hui, je me demande encore pourquoi ! 😄
Au premier virage, mes réflexes de motard ont repris le dessus : je me suis penché naturellement… sans tourner le guidon. La motoneige, elle, a continué droit devant. Heureusement, les freins sont excellents !
Mais une fois les premières frayeurs passées, l'excitation a pris le dessus. Après quelques minutes de prise en main, nous avons filé à travers la forêt enneigée, seuls dans la nuit polaire, guidés par le faisceau du phare qui découpait l'obscurité. Une sensation unique, presque irréelle.
Une expérience intense, givrée, et absolument inoubliable. À refaire, mais cette fois-ci, en plein jour...
À savoir pour conduire une motoneige en Laponie
La conduite :
Pour piloter une motoneige, il faut avoir au moins 18 ans et être titulaire d'un permis de conduire valide en Europe.
Les enfants de moins de 15 ans ne peuvent pas monter derrière : ils voyagent dans un traîneau tiré par la motoneige du guide.
Une motoneige peut accueillir deux personnes maximum : un pilote et un passager.
Le port du casque, fourni par le loueur, est évidemment obligatoire.
La loi finlandaise est très stricte : il est interdit de conduire une motoneige sous l'influence de l'alcool ou de produits stupéfiants. La sécurité passe avant tout.
Si vous êtes en groupe, les machines roulent en file indienne, en gardant une distance d'au moins 20 mètres pour pouvoir réagir en cas d'imprévu.
La conduite en elle-même est simple : pas de vitesses à passer, juste un bouton start, une poignée d'accélérateur à droite et un levier de frein. La vitesse de croisière tourne entre 20 et 60 km/h, largement suffisant pour ressentir de bonnes sensations tout en profitant du décor polaire.
Assurance :
Les motoneiges sont assurées selon la législation finlandaise. L'assurance couvre les soins médicaux en cas de blessure pour le pilote, le passager et les tiers éventuels.
Il est toutefois conseillé de disposer d'une assurance voyage personnelle complémentaire.
Franchise :
En cas d'accident, la franchise maximale est de 980 € par accident et par conducteur.
Si le montant des réparations est inférieur, vous ne payez que la somme correspondante.
Au-delà de 980 €, vous n’aurez rien de plus à régler.
Prix :
Comptez environ 155 € par personne pour une randonnée d'une trentaine de kilomètres.
Les signes
Comme pour la conduite d'un traîneau à chiens, il faut apprendre quelques signaux pour comprendre les indications de votre guide. À tout moment, celui-ci peut vous avertir d'un danger, d'un virage serré, de motoneiges venant en sens inverse ou même de la présence d'un renne sur la piste. Soyez donc extrêmement attentif à ce qui se passe devant vous.
1. Main gauche levée : PRÉPAREZ-VOUS À VOUS ARRÊTER !
2. Bras gauche levé puis abaissé : EN ROUTE !
3. Main gauche levée puis abaissée : ATTENTION, RALENTISSEZ !
4. Bras croisés sur la poitrine (signe réservé aux guides) : RESTEZ SUR LA MOTONEIGE ET NE BOUGEZ
PLUS !
Voilà, vous savez presque tout : alors en route… c'est parti !
Nous sommes rentrés complètement frigorifiés, mais encore électrisés par cette journée bien remplie et riche en découvertes. Le soir, après avoir dîné, nous sommes ressortis une nouvelle fois pour partir à la chasse aux aurores boréales.
Mais une fois encore, rien… Le ciel était obstinément couvert. La déception commençait à s'installer : plus que deux nuits avant notre retour en France, et toujours pas la moindre lueur verte dans le ciel lapone.
L'espoir s'amenuisait… 😩
Le lendemain, le temps s'était un peu dégagé. Nous en avons profité pour partir explorer, en raquettes, le parc national de Pallas-Yllästunturi. Sur la route, nous avons fait une courte halte entre les lacs Törmäslormmolampi et Tulkinsalmi. Le point de vue, appelé Taksi Martti Keimiöniemi, offre un panorama splendide sur les lacs gelés et la forêt enneigée.
Parc National de Pallas-Yllästunturi
Troisième plus grand parc national de Finlande, il s'étend sur plus de 1 020 km². Situé dans la Laponie de l'Ouest, il couvre les municipalités d’Enontekiö, Kittilä, Kolari et Muonio.
Le paysage est dominé par la chaîne de monts Pallastunturi, un ensemble de sept sommets dont le plus haut culmine à 807 mètres. Vastes forêts de taïga, collines arrondies, silence profond… ici, la neige arrive bien plus tôt que dans les vallées et transforme tout en un tableau monochrome magnifique.
Nous sommes partis pour deux heures de randonnée, avec quelques passages un peu rudes, mais le décor valait chaque effort. Nous avions l'impression d'être seuls au monde, marchant dans cet univers figé, où le silence absorbe tout et oùl'on entend seulement le crissement de la neige sous les raquettes.
En fin de matinée, nous avons pris la route pour aller à la rencontre des Saami.
Rencontre avec les Saami
Les Saami sont le peuple autochtone dont le territoire, appelé Sápmi, s'étend sur une large partie de la Laponie. On les désigne souvent sous le nom de « Lapons », mais ce terme est à la fois extérieur à leur culture et historiquement péjoratif : il viendrait du mot suédois lapp, signifiant « porteur de haillons ».
Leur identité, leurs traditions et leur lien intime avec la nature arctique méritent un respect absolu.
Autrefois, la pêche et l'élevage de rennes constituaient l'essentiel de leur mode de vie. Aujourd'hui, seule une minorité des quelque 85 000 Saami continue à vivre de l'élevage, mais cette activité reste au cœur de leur culture et de leur organisation sociale.
Nous avons eu la chance de passer quelques heures auprès d'une famille d’éleveurs. Une immersion rare où la vie moderne côtoie encore les rites et les gestes ancestraux. Après la visite de leur ferme de rennes — un moment à part, entre explications passionnantes et observation silencieuse des animaux — nous sommes partis pour
une balade d'une heure en traîneau.
Une expérience incontournable : que serait un voyage en Laponie sans une promenade tirée par les rennes, l'un des symboles les plus emblématiques du Grand Nord ?
Glisser lentement sur la neige, au rythme régulier des sabots, entourés du silence ouaté de l'hiver arctique… un vrai moment de magie.
Balade en traîneau à renne
Le traîneau à renne est un mode de transport ancestral, utilisé depuis toujours par le peuple Saami. Ici, le renne est bien plus qu'un animal : c'est une véritable icône de la Laponie finlandaise. Leur nombre est d'ailleurs à peu près équivalent à celui des habitants dans la province du Nord. Plus au nord encore, l'élevage du renne reste une activité essentielle pour une grande partie de la population autochtone.
Les rennes
Aussi appelés caribous au Canada, les rennes sont des animaux semi-domestiqués : chaque bête appartient à un éleveur. Deux fois par an, tous les rennes dispersés dans la nature sont rassemblés pour le marquage à l'oreille et le comptage des troupeaux. Ce rituel, qui peut durer plusieurs jours, est réputé pour être particulièrement mouvementé.
Le renne est un animal robuste : un mâle adulte peut peser jusqu’à 180 kg, tandis que les femelles avoisinent les
100 kg.
Pourtant, malgré sa force, le renne reste un animal extrêmement craintif : il peut prendre peur de tout — d’un prédateur, d’un oiseau, d’un craquement de branche, d’une feuille morte… voire même de sa propre ombre !
Nous nous sommes installés dans nos traîneaux, bien emmitouflés sous des peaux épaisses, et avons glissé doucement sur la neige immaculée. Le tintement régulier des harnais, le souffle calme des animaux et la lenteur du déplacement ont donné à cette balade un charme presque hypnotique. Une parenthèse hors du temps, au rythme ancestral de la Laponie.
Les balades
Les balades se font à un rythme très modéré, ce qui les rend accessibles à tous. Une sortie en traîneau à renne est bien plus qu'une simple activité : c'est une expérience hors du temps, presque enchantée. On glisse doucement à travers une forêt enneigée, enveloppé par le silence, comme si la nature entière retenait son souffle. La paix est totale, la magie évidente.
Un traîneau peut accueillir deux adultes et deux enfants (maximum 180 kg).
Notre balade fut particulièrement mémorable… surtout parce que le jeune renne qui tirait le traîneau derrière nous avait une envie irrésistible de nous dépasser ! Par la droite, par la gauche, voire par-dessus… il a tout tenté. J'ai juste eu le temps de capturer un selfie improbable de nous trois — un souvenir absolument unique. 😂
Après cette belle promenade, nous avons partagé un excellent repas lapon avec nos hôtes, avant de regagner l'auberge de Rajamaa.
Chaque après-midi, Lars et ses guides nous proposaient de petites conférences passionnantes sur la vie en Laponie, sa faune, sa flore, accompagnées de projections de photos. De vrais moments de découverte qui occupaient à merveille ces longues après-midis où, dehors, la nuit était déjà tombée depuis longtemps.
Le soir venu, nous sommes de nouveau sortis dans l'espoir d'apercevoir enfin les aurores boréales… mais une fois encore, le ciel est resté muet. La déception commençait vraiment à se faire sentir. 😩
Dernier jour en Laponie
Pour notre dernier jour, le ciel était parfaitement dégagé. Une chance inespérée !
Vers 10h, nous avons assisté à un lever de soleil majestueux… qui allait se muer, quatre heures plus tard, en un coucher de soleil tout aussi somptueux.
En janvier, ici, les journées ne durent qu'une poignée d'heures, et voir le soleil se lever et se coucher presque d'un seul mouvement est une expérience absolument fascinante, presque irréelle.
Lorsque le soleil décide enfin de se montrer, c'est un véritable enchantement. Le paysage change alors complètement de visage : chaque colline, chaque arbre, chaque étendue immaculée semble se transformer sous la lumière douce et rasante. La neige se met à scintiller comme si des milliers de diamants y étaient enfouis, et les
forêts se parent d'un nouveau manteau, presque magique. On réalise alors à quel point on savoure davantage ce qui nous a manqué pendant un moment.
Nous avons repris la route vers le nord, en direction de la petite ville de Kautokeino, en Norvège. Sur le chemin,
nous avons traversé quelques villages reculés, isolés au milieu de nulle part, où le silence et la vastitude semblaient n'avoir aucune limite.
Nous sommes finalement rentrés tranquillement en milieu d'après-midi, prêts à profiter de notre toute dernière soirée polaire en Laponie.
Après le dîner, toujours aucune aurore boréale dans la nuit noire de Laponie. La seule différence, ce soir-là, était que le ciel était parfaitement dégagé. Au-dessus de nous, des millions d'étoiles brillaient, comme posées sur un velours sombre et infini.
Vers 23h, un bruit sec à la porte de notre petit chalet nous fit sursauter. C'était Lars.
D'une voix pressante, il nous lança :
« Sortez vite ! Une aurore boréale arrive ! »
En une fraction de seconde, nous avons sauté dans nos vêtements, enfilé nos énormes bottes et nos gants encore froids, puis nous nous sommes précipités dehors comme deux diables sortant de leur boîte.
Et là, le miracle de la nature nous attendait.
Au-dessus des arbres enneigés, un voile vert commençait à onduler lentement dans le ciel. Une brume lumineuse, presque timide au début, qui prenait de l'ampleur minute après minute. Je me suis empressé de planter mon trépied dans la neige, d'ajuster mon appareil photo, les doigts tremblants entre excitation et froid. Il fallait absolument que je capture cet instant unique.
Mon cœur battait à toute vitesse. Après tous ces soirs passés à attendre dans le froid, à scruter un ciel obstinément couvert, l'aurore boréale était enfin là, dans toute sa grâce silencieuse. Et je ne voulais rien manquer de ce moment absolument magique.
Les Aurores Boréales Expérience coup de cœur
Provoquées par l'interaction entre les particules chargées du vent solaire et les hautes couches de l'atmosphère, les aurores boréales se manifestent principalement dans les régions proches des pôles magnétiques.
Ces phénomènes lumineux se caractérisent par de grands voiles colorés qui ondulent dans un ciel nocturne clair et dégagé. La couleur dominante est le vert, dû à la présence d'oxygène atomique entre 120 et 180 km d'altitude, mais les aurores peuvent aussi se teinter de rose, de rouge, voire d'indigo violet.
L'apparition d'une aurore résulte d'un savant mélange de conditions : une nuit noire, un ciel parfaitement dégagé, un air froid et sec, et surtout une activité solaire favorable. Comme cette dernière est imprévisible, l'observation d'une aurore n'est jamais garantie.
Il ne reste alors, comme je l'ai fait, qu'à croiser les doigts pour qu'une éruption solaire projette ses particules dans votre direction… et laisser la magie opérer.
Lorsque l'aurore a commencé à danser dans le ciel, j'ai eu l'impression d'assister à un spectacle irréel, un gigantesque feu follet flottant au-dessus de nos têtes. Elle ondulait lentement, délicatement, comme un ballet
céleste accompagné du scintillement de milliers d'étoiles.
C'était à la fois excitant, apaisant, grandiose, presque hallucinant. Un phénomène si rare, si beau, qu'on a du mal à croire ce que l'on voit. Je me suis retrouvé saisi d'émotion, le cœur battant, exilé et émerveillé au point d'en oublier le froid.
Elle est apparue timidement vers 22h30, avant de disparaître en silence peu après minuit.
Pour notre dernier soir en Laponie, c'était un cadeau inespéré.
Je remercie encore dame Nature de nous avoir offert ce moment suspendu.
Une expérience inoubliable, gravée pour toujours dans ma mémoire.
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Comment photographier les aurores boréales
Pour les photographes, voici une petite astuce : avant de partir, j'ai passé plusieurs soirées à m'entraîner chez moi à réaliser des photos de nuit en mise au point manuelle. C'est, selon moi, indispensable pour être prêt le moment venu, car une aurore boréale n'attend personne ! Elle apparaît et disparait comme si elle n'avait jamais existé...
Je ne peux que vous recommander de faire la même chose : tester, régler, recommencer… jusqu'à trouver les paramètres qui vous conviennent.
Pour aller plus loin, je vous conseille le guide du site ; VINCENT . VOYAGE, une excellente source pour comprendre comment préparer et réussir ses clichés d'aurores boréales.
Le lendemain, nous avons repris l'avion vers la France, le cœur rempli de souvenirs et les yeux encore émerveillés par toutes ces images polaires qui resteront gravées à jamais.
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Destination coup de cœur
Conclusion :
Ce voyage en Laponie restera l'une des expériences les plus extraordinaires de ma vie. C'est une destination
idéale pour les amoureux des grands espaces et des ambiances polaires. Là-haut, dans l'extrême Nord de la Finlande, les paysages se déploient à perte de vue, majestueux et silencieux, baignés dans une lumière unique.
On y vit des sensations fortes, parfois rudes, mais toujours exaltantes : affronter les températures extrêmes et les nuits polaires, s'aventurer en raquettes dans la taïga enneigée, glisser en traîneau à chiens ou à renne, ressentir l'adrénaline d'une sortie en motoneige… et, cerise sur le gâteau, assister à la danse féerique d'une aurore boréale. Sans oublier la rencontre inoubliable avec les Saami, peuple extraordinaire au mode de vie intimement lié à la nature.
La déconnexion avec la vie quotidienne est totale ; ici, tout est différent, plus brut, plus authentique.
Même si le froid polaire peut en rebuter certains, je ne peux que recommander cette région d'une beauté saisissante. Un voyage en Laponie en hiver, c'est bien plus qu'un séjour : c'est une parenthèse hors du temps, un rêve éveillé, l'une de ces expériences rares qui marquent pour toujours.
Cartes de notre périple
© Textes et photographies : Stéphane Campagne/All rights reserved.
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